Médias saint-gallois unis pour faire valoir leurs droits

Par Martin Stoll. Les entreprises de médias saint-galloises se sont unies pour insister sur le principe de transparence dans leur canton.

Il y a encore deux ans, la commune saint-galloise de Gommiswald, 5000 habitants, s’entêtait à refuser de publier les chiffres des rémunérations des membres de son Exécutif. Mais la « Zürichsee Zeitung » ne céda pas, déposa plainte et le Département saint-gallois de l’intérieur lui donna raison.

Rating_f La plupart des présidents de commune publient leur rémunération, seuls quelques-uns refusent de le faire.

 

En une démarche unique en son genre dans le pays, des journalistes ont collaboré par-delà les groupes d’édition auxquels ils sont liés et réalisé la transparence des salaires dans leur canton.

En décembre dernier, la „Medienvereinigung Öffentlichkeitsgesetz St. Gallen“, où sont représentées toutes les publications importantes du canton, a invoqué la loi cantonale sur la transparence pour demander aux communes de publier les salaires, tâches et défraiements. Pour ce faire, l’association s’appuyait sur la sentence entrée en force dans le cas de la commune de Gommiswald. 72 des 77 communes saint-galloises ont publié les salaires, mettant ainsi fin à deux ans de conflit larvé entre les communes et les médias autour de la publication de ces données.

Aucune réaction pendant des semaines, courriels à la poubelle

Mais cinq présidents de commune font toujours de la résistance, parmi lesquels Roger Hochreutener, président d’Eggersriet, 2263 habitants. Journaliste à la NZZ, Jörg Krummenacher décrit les difficultés qu’il a rencontrées avec lui : « Des semaines durant, il s’est abstenu de réagir aux demandes écrites et téléphoniques, il a balancé les courriels à la poubelle, refuser de donner les réponses que la loi lui impose de fournir. »

Les communes d’Au, Balgach, St. Margrethen et Widnau, dans le Rheintal, ont également refusé de fournir des informations sur les salaires. Ce faisant, elles ont consciemment enfreint la loi. « Je ne trouve pas correct que mon salaire soit publié dans les médias », s’est justifié Hochreutener. Pour lui, il est évident que la loi sur la transparence va trop loin

La « Medienvereinigung Öffentlichkeitsgesetz St. Gallen » rassemble le St. Galler Tabglatt, la Neue Zürcher Zeitung, les Obersee Nachrichten, la Zürichsee-Zeitung, la Südostschweiz, le Rheintaler, le SRF Regionaljournal Ostschweiz, FM Today, le Toggenburger Tagblatt, le Sarganserländer et 20 Minuten. Cette association a été fondée au lendemain d’un cours de formation continue dispensé en janvier 2015 par Öffentlichkeitsgesetz.ch.

Selon le journaliste de la NZZ Krummenacher, l’attitude de Hochreutener montre que « la transparence, telle que prescrite par la loi, ne va toujours pas de soi dans les bureaux des communes.

 

Différences avec le canton voisin, Schwytz

L’enquête n’a pas révélé des salaires mirobolants. La rémunération la plus élevée dans le canton de Saint-Gall est celle de Thomas  Scheitlin. Pour son mandat à plein temps, le président de la ville de Saint-Gall touche 262’964 francs. Juste derrière lui on trouve le président de la commune de Rapperswil-Jona, Martin Stöckling.

Les journalistes de Suisse orientale ont mis en évidence sur une carte en ligne les salaires, frais et pourcentages d’emploi des présidents de commune saint-gallois. Les journalistes de Suisse orientale ont mis en évidence sur une carte en ligne les salaires, frais et pourcentages d’emploi des présidents de commune saint-gallois.

L’enquête a mis en évidence d’intéressantes différences structurelles avec le canton voisin, Schwytz. A Saint-Gall, les présidents œuvrent à 100% dans les trois quarts des communes et un quart sont à temps partiel. Tout autre chose chez les voisins schwytzois : selon l’hebdomadaire « Obersee Zeitung », qui a également demandé les salaires des présidents de communes dans le canton de Schwytz, il n’y a presque pas de présidents de commune à plein temps. « Les Schwytzois sont gens économes », conclut le journal.

 

Pas de commentaire sur les frais de voiture élevés

 

Les journalistes de Suisse orientale ont non seulement voulu connaître les salaires mais aussi les frais fixes des présidents de commune. Beat Tinner, président de Wartau, indique des frais de voiture supérieurs à la moyenne: outre ses 3000 francs de frais de représentation, il touche annuellement 10’800 francs de frais de voiture. Il n’a pas voulu répondre à ce propos aux questions de la « Zürichsee-Zeitung ». En 2015, le même mettait en garde les Thurgoviens contre la mise en œuvre d’une loi sur la transparence : pour lui, elle ouvrait tout grand la porte aux journalistes et aux quérulents et donnait du travail aux administrations. Et de tels quérulents en profiteraient pour poser des questions de détail sur les notes de frais.


 

Ce que les médias ont écrit :

 

St. Galler Tagblatt, 23 février 2017

Andreas Ladner : « Les présidents de commune gagnent plutôt trop peu »

Neue Zürcher Zeitung, 23 février 2017

Transparence avec réticence

Neue Zürcher Zeitung, 23 février 2017, commentaire

La transparence a besoin d’insistance

Zürichsee-Zeitung, 23 février 2017

« Je suis absolument d’avis que la loi sur la transparence va trop loin »

St. Galler Tagblatt, 232 février 2017

Les mieux pays, les rois de la note de frais, les mutiques

St. Galler Tagblatt, commentaire

Bureaucratie du secret plutôt que transparence

Regionaljournal Suisse orientale, 23 février 2017

« Les salaires des présidents de commune »

Obersee Nachrichten, 23 février 2017

Schwytz modeste, Saint-Gall au top

Südostschweiz, 23 février 2017

Le nouveau venu Martin Stöckling est le mieux payé du district de See-Gaster

Südostschweiz, 23 février 2017, commentaire

Sur la corde raide

 

 

 


Ecrire un commentaire

Vous devez être inscrit, pour pouvoir écrire un commentaire.